DES NOUVELLES DE THIERRY CHALANDRE ET SON AMI OLIVIER!

DES NOUVELLES DE THIERRY CHALANDRE ET SON AMI OLIVIER!

Il y a 1 an et demi en sortant de chimiothérapie le projet « Cordées de trail » naissait, son objectif : courir 4 ultra-trails avec un dossard solidaire au profit des enfants en rémission de Cancer. Avec un ami Olivier Guyot, et au travers de ces 4 défis, nous allons soutenir l’association « A chacun son Everest » qui accueille les enfants à Chamonix pour les aider à se reconstruire avec les activités sportives de montagne. Après les 100 miles of Istria (111km), le 17 octobre nous étions à la Réunion pour « Le grand raid » (170 km et 9576m de dénivelé positif). Les coureurs partent de Saint Pierre, dans le sud de l’île et remontent en diagonale vers la capitale Saint Denis, sur le trajet, trois cirques à traverser (Cilaos, Mafate, et Salazie).

Le parcours de cette « diagonale des fous » n’est effectivement pas de tout repos, il n’y a pas de chemin plat, les pentes sont très raides et encombrées de beaucoup de marches, de racines, de pierres et de boue.

Thierry : « Après une belle préparation estivale dans les Pyrénées, mais un dernier mois un peu perturbé par une sinusite et des douleurs dorsales post-traumatiques au lymphome, je suis arrivé sans trop de repères sur cet ultra-trail réputé comme un des plus techniques au monde ».  

Au départ jeudi 17 octobre, à 22h de Saint Pierre, 2715 personnes s’élancent dans la nuit, les premiers arriveront en 23h30 et les derniers en 66h.  Dans une ambiance réunionnaise de folie, un long peloton s’élance pour une longue montée de nuit jusqu’au col de Nez de Bœuf à 2000m d’altitude, la descente sera rapide  au petit jour avec ses 4°c. Plus tard, on arrive à Cilaos, dans le cirque du même nom, après 65 km et 3300m de dénivelé positif cumulé, une pause plus longue s’impose, sur cette base de vie on retrouve son assistance.

Thierry : « la première partie jusqu’à Cilaos été difficile je n’avançais pas, je n’avais pas trop d’énergie et ma douleur au dos me lançait dans les descentes, dans ce cas-là le mental doit prendre le dessus, penser d’où on vient quand il y a deux ans on rêvait de ces sentiers derrière une vitre d’hôpital, penser aux enfants et à tous ceux qui aident aux projets. Avancer à son rythme, se forcer à manger, à boire et profiter des instants en se disant que ça va le faire. A Cilaos,  je retrouve mon assistance mais je suis un peu paumé je ne sais pas trop ou je vais, sportivement je ne suis pas dedans je suis 966ème et Olivier est loin devant. Je m’allonge 25 minutes, prends 30 minutes pour manger et me changer et déjà il faut repartir »

Olivier : « Après un départ grisant au milieu d’un public nombreux je distance involontairement Thierry. Le pensant devant, je pars assez vite sur cette première partie mais je me sens plutôt bien. Arrivé à Cilaos, je retrouve mon assistance que j’ai réveillée tôt dans la nuit pour faire la route aux 400 virages. J’apprends que je cours pour rattraper Thierry qui est derrière moi ! Je m’arrête 40 min, le temps de me changer et de manger, pause trop longue à mon goût, je voudrais profiter de ma forme, on ne sait jamais combien de temps cela va durer … ».

Une descente puis une grosse montée (Col du Taïbit, 1100m de dev+) va nous permettre de sortir du cirque de Cilaos et de rentrer dans le Cirque de Mafate. Descendre dans le cirque de Mafate veut dire plus de route, il faudra en ressortir tout seul. La deuxième nuit est humide dans le cirque de Salazie, mais dès que l’on repasse dans Mafate cela redevient sec.

Thierry : « Enfin vient l’éclaircie, à Marla dans le cirque de Mafate, après 18h30 de course et 80 km, je dors 20 minutes et en me levant je n’ai plus de douleur au dos, l’énergie est rétablie, et effectivement les sensations sont bonnes. Je me sens mieux, la deuxième partie de course est plaisante, j’accélère, les sensations sont bonnes, après la bruine, il fait chaud la nuit dans la montée du Maïdo. J’ai pris le temps de faire des petites siestes de 15-20 minutes et pourtant j’ai remonté 384 places quand j’arrive à Ilet Savannah, Olivier est là mais va repartir avant moi».

Olivier : « Dans le cirque de Mafate, je commence à avoir des douleurs aux ménisques avec toutes ces pierres et marches à descendre, je descends bien mais sans forcer pour ne pas user prématurément la machine, la course est encore longue ! Je commence à ressentir un peu le manque de sommeil au cours de la deuxième nuit et, arrivé à Roche Plate, je me dis qu’une petite sieste me fera du bien mais aucun lit n’est disponible avant 30 min et à cet endroit il fait froid. 40 min de pause et je repars après avoir essayé de me reposer dans ma couverture de survie mais en vain. J’arrive à 4h du matin au Maïdo et entame la descente vers Ilet Savannah en espérant dormir à l’arrivée. Mais ces 17 km de descente dureront 3h30 car mes genoux sont douloureux et la descente raide. Je mange, prends une douche, passe dans les mains des kinés pour un petit massage. Je repars quand Thierry arrive, je sais par habitude qu’il me rattrapera ».

Ilet Savannah, 2ème poste de vie on retrouve notre assistance, des encouragements et la chaleur qui monte progressivement à plus de 30°c. Se changer, nettoyer la boue pour éviter les ampoules, manger, des paroles courtes et des mercis et déjà on s’éloigne.

Maintenant, les montées sont plus courtes mais toujours aussi techniques et l’on retrouve plus facilement son assistance. Au ravitaillement de « La Possession » on discute un peu et le plaisir de nous retrouver nous décide à terminer cette aventure ensemble, ce qui colle bien avec le projet Cordées de Trail: des défis, mais aussi une aventure de partage, comme peuvent le vivre les enfants en rémission de cancer qui gravissent leur Everest en cordée avec les autres stagiaires à Chamonix.

Thierry : « Quand je rattrape Olivier au 146ème km je suis 582ème et j’ai la patate ! Olivier marque un peu le coup, le manque de sommeil doit se faire sentir, comme on a décidé de finir ensemble, je vais essayer de le booster car je n’ai pas envie de rallumer la frontale pour une 3ème nuit  (je n’ai plus de batterie en plus!!!). »

Olivier : « Quand Thierry me rattrape, je suis bien sûr  fatigué mais pas tant que ça, j’ai surtout changé d’état d’esprit après avoir passé le Maïdo, je sais que j’arriverai au bout et je ne veux pas trop tirer sur l’organisme je pense plutôt à cet instant à profiter un maximum de l’aventure, des paysages, de mon assistance et de la joie de partager ce moment avec Thierry après l’avoir perdu pendant 140 km ».

 C’est presque la fin, il nous reste juste, le Mont Colorado, 780m de dénivelé positif et la même chose en descente pour arriver au stade de la Redoute.

 La 3ème nuit va tomber, alors on descend vite, pas d’arrêt programmé on rentre dans le stade, pour Thierry et Olivier, ce sera 44h36 sur la ligne d’arrivée, c’est 2 jours et 2 nuits dehors. L’instant est trop court, un regard sur l’écran, 578ème sur 2715 partants, une photo pour dire qu’on pense à vous les donateurs et aux enfants malades, on enlace ses proches et déjà il faut laisser la place aux autres. Pendant la course, le temps était suspendu au rythme de nos pieds, il nous appartenait, mais maintenant nous voilà sur le stade de la Redoute déambulant comme tous les finishers, un peu hagards, ivres de notre périple dans un monde qui nous semble aller trop vite. Heureusement, nos proches vont nous aider à atterrir doucement, car notre tête est toujours là-haut dans la montagne.

Thierry : « passer la ligne on en rêve, c’est notre objectif, pourtant c’est en même temps une expérience intime qui se termine, une pensée pour ceux qui vont encore passer une nuit sur les sentiers, et maintenant il faut prendre le temps de partager cela avec Séverine. Pendant la course, j’ai dû dormir 1h20 environ par tranche de 15 minutes, mais ensuite je ne vais pas tenir 3 minutes éveillé dans la voiture au retour, la bière sûrement… »

Olivier : « Cette arrivée au stade est fabuleuse, les sentiments sont particuliers, mêlés de joie, d’irréel, de tristesse aussi que ce moment tant attendu se termine. Finalement, le plus grand bonheur est peut-être la fierté que l’on peut lire dans les yeux de nos proches. Après une bonne nuit, je réalise un peu plus, et je me félicite de m’être ménagé sur la fin de course car je n’ai même pas de courbatures, la bière peut-être… ».

Nous avons vécu une très belle aventure dans une très belle île : végétation luxuriante, paysages magnifiques, oiseaux qui chantent et des Réunionnais vraiment très accueillants.

Nous avons pensé à vous pendant la course et nous vous remercions une fois de plus : Pilège (spécialiste de la micro-nutrition) qui a parrainé un enfant, Louis de Grenelle (Maison de bulles à Saumur), l’association « 1001 patates » pour son joli don, Terre de Running pour l’équipement, et tous les autres donateurs petits ou grands. Merci à tous ceux qui soutiennent le projet financièrement avec pour objectif de trouver 20.000€ pour parrainer 8 enfants en rémission de cancer.

Nous avons encore besoin d’aide, alors il n’y a pas de petit don, tous ceux qui veulent nous rejoindre n’hésitez pas à venir sur le site « Cordées de Trail »

Suite du défi en avril prochain La MIUT et enfin en aout l’UTMB pour finir en beauté à chamonix avec l’association…

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